Mercredi 15 mai la Présidente Carole Delga le Vice-Président en charge des transports Jean–Luc Gibelin ont tenu une conférence de presse afin de dresser un bilan de la première année de la Convention Ter, et d’ouvrir les perspectives des questions de transports et de mobilités.
En préambule la volonté forte de développer les transports collectifs, et plus spécifiquement le train. Face à l’urgence climatique, pour répondre à la demande sociale et territoriale réelle, pour plus de désenclavement des populations, plus de sécurité, l’accès au train reste une priorité régionale.
Pour se faire, une Convention Ter qui vise l’excellence en y affectant un budget de 300 millions/an. Le regret du Vice –Président : « que SNCF ne soit pas au rendez-vous, accumulant retards, suppressions de trains et dysfonctionnements quotidiens ». Un constat, cuisant : la maison SNCF n’a pas permis cette année à ses agents d’effectuer la mission de service public à laquelle ils sont pourtant tant attachés.
« SNCF n’a donc pas été au rendez-vous sur la première année de la Convention, il lui appartient à l’avenir de rattraper ce retard. D’autant que l’objectif pour 2019 sera légèrement supérieur, intérêt majeur d’avoir négocié et signé une Convention de longue durée, 8 ans, scénario unique en France ».
Des nouveautés pour 2019 ?
Programmées pour une entrée en vigueur au prochain service de décembre, dans la poursuite des premières liaisons lancées en direct fin 2018, un renforcement porté à 7 A/R entre Toulouse et Perpignan : « des liaisons qui depuis leur mises en place font carton plein, ce qui nous conforte dans l’idée qu’il y avait un réel besoin ».
Une amélioration supplémentaire des correspondances à la frontière espagnole, avec la Catalogne, notamment entre Port Bou et Cerbère, avec aujourd’hui de vraies possibilités et une réponse à une demande datant de 20 ans.
Jean –Luc Gibelin a tenu à saluer l’augmentation de la fréquence entre Lunel, Montpellier et Sète prévue également au service de décembre, rendue possible par une plus grande utilisation du contournement Nîmes Montpellier, « ce qui permet à nos Ter de récupérer un nombre intéressant de sillons, libérant 14 circulations nouvelles entre Sète et Montpellier et 11 entre Lunel et Montpellier, bonifiant par la même occasion la transversale entre Bordeaux et Marseille en offrant des dessertes complémentaires ».
Du côté de l’étoile ferroviaire toulousaine, la circulation Toulouse-Montauban Agen Brive bénéficie de 28 dessertes supplémentaires, 20 circulations supplémentaires sur l’axe Toulouse Tarbes Pau. Le Vice-Président a précisé que « l’offre en train régional liO sur l’étoile ferroviaire de Toulouse s’enrichit de 4 trains par heure de pointe entre Montauban Toulouse, Muret Toulouse, Colomiers Arènes et St Sulpice Toulouse, utilisant le maximum de la capacité des infrastructures ».
Nous l’avons entendu, la Région Occitanie ne lâche rien sur ses objectifs de renforcement de l’offre, concrétisation des engagements pris lors des Etats Généraux du Rail et de l’Intermodalité.
« Nous travaillons toujours à la mise en service après 2020 des lignes prioritaires déterminées dans le cadre des EGRIM, et pour lesquelles je vais redire ici toute notre détermination à obtenir les réouvertures. Sur ces différentes lignes nous n’acceptons pas et nous et nous ne sommes absolument pas résolus à accepter les retards vraiment importants, résultat de la démarche et du diagnostic de SNCF Réseau ».
Dans le registre des décisions de la maison SNCF qui se sont soldées par une dégradation des dessertes, la Région a déploré un déficit conséquent sur la ligne dite de l’Ariège, et plus précisément dans l’espace périurbain de Toulouse, avec des gares non desservies pendant de longues plages horaires : « je confirme que dès l’annonce de cette décision unilatérale de SNCF, nous avons évidemment dit notre désaccord. Nous avons demandé une évaluation et exigé qu’un travail soit engagé afin de rétablir les dessertes en juillet prochain ».
Quels objectifs en 2019 pour un service plus efficient ?
Concernant les causes des retards et des suppressions, et à la question des moyens disponibles pour améliorer la situation l’année prochaine, Jean –Luc a mentionné l’acquisition de matériel roulant plus capacitaire : « nous augmentons le parc de 18 rames supplémentaires livrées entre mars et décembre 2020, ce qui permettra de répondre à la montée en charge des circulations. Je rappelle que dans la Convention nous sommes partis sur le fait qu’avec l’augmentation des rotations et l’augmentation capacitaire nous allons offrir 40% d’emport supplémentaire au terme de la Convention, donc il y a une vraie volonté de saut qualitatif et quantitatif, avec du matériel plus moderne, plus confortable et plus capacitaire ».
Encore une fois est posée la responsabilité de SNCF, car dans un certain nombre de gares la question des quais est liée à la capacité de Réseau à réaliser les travaux que la région finance.
Quelques chiffres ?
Chacun aura pu noter que la région investissait 75M€ prochainement pour des travaux d’urgence sur le réseau, mais « il faut en même temps que l’Etat réponde présent au financement des infrastructures pour l’ensemble de la carte occitane, car au-delà de l’année 2022, SNCF Réseau aujourd’hui avance le montant d’1 milliard 400 millions nécessaires entre 2022 et 2029 ».
Illusoire donc pour Jean –Luc Gibelin d’imaginer que la Région Occitanie puisse seule faire face à un tel engagement financier : « c’est déterminant d’évoquer cette dimension aujourd’hui parce que nous allons engager les 75 millions d’euros pour tenir le réseau jusqu’en 2022, mais bien évidemment cela n’a de sens que si les programmes de travaux sont poursuivis. Il y a une cohérence de l’ensemble et nous attendons de SNCF Réseau de nouvelles propositions pour des devis moins chers et des délais plus courts, et des propositions qui soient adaptées à ce qui est attendu ».
Le bilan carbone de cette politique des transports et de l’intermodalité ?
En ce qui concerne le bilan carbone des transports, le Vice-Président en fait un enjeu central : « nous y sommes bien évidemment très attentifs. Il est important ici de préciser que le réseau liO de liaisons par autocars reste un mode complémentaire au rail, indispensable partout où le train ne va pas. Nous sommes à l’initiative de nombreuses expériences autour de la question des carburants propres. Enjeu autour du train hybride pour lequel nous sommes la région coordinatrice de l’expérimentation au plan national, enjeu autour de l’hydrogène, avec un projet de train mais aussi des véhicules qui fonctionnent sur deux de nos aéroports régionaux ».
La démarche vis-à-vis de l’empreinte carbone englobe la totalité de la mobilité, sans opposition des modes mais dans la complémentarité, « parce qu’à l’échelle de la région nous avons besoin de tout. Du rail comme colonne vertébrale de la mobilité en Occitanie, des autocars pour un maillage fin et une fonction de rabattement, ce qui demande à avancer sur la nature des carburants ».
Des expérimentations ?
« Bien sûr, et précisément en lien avec le transport routier pour lequel nous avons déployé des expérimentations dès l’année dernière. Expérimentations au GNV avec la perspective que cela débouche demain sur du bioGNV. Expérimentation dans le Gard qui a débouché sur l’ouverture il y a deux mois d’une ligne entre Vauvert et Vergèze avec un autocar roulant au bioéthanol issu de la distillation des déchets de la vigne et du marc de raisin ».
Reste à avancer sur la création de voies réservées aux abords des grandes agglomérations et des métropoles afin de ne pas retomber dans le travers des bouchons vécus par les automobilistes, seule alternative pour se donner, à l’instar de grandes villes comme Madrid par exemple, toutes les chances de convaincre les populations d’utiliser des modes de mobilités collectifs.
La réaction de la Région Occitanie à propos du Perpignan Rungis ?
Indignation générale face à la décision de la SNCF (qui d’ailleurs ne s’appuie sur aucun motif légitime et fait porter un risque majeur avec plus de 22 000 camions supplémentaires chaque année sur nos axes routiers).
Interrogé sur la ligne du Train Jaune, pour laquelle la Région a mobilisé 15 millions d’euros sur les 3 dernières années, en travaux d’infrastructures et matériel roulant le VP s’est exprimé : « lors de ma récente visite en Cerdagne, le comité de pilotage de la ligne a confirmé la fin des travaux sur l’infrastructure. Reste le chantier important de l’alimentation électrique et à propos du matériel roulant nous devrions recevoir rapidement les propositions de SNCF Mobilités quant à la rénovation à l’identique. Nous avons bel et bien pérennisé le Train Jaune en l’inscrivant dans la Convention Ter pour les 7 années à venir ».
En conclusion ?
Le budget Train, à l’échelle de l’Occitanie, fonctionnement et investissement, c’est-à-dire le financement de la Convention Ter, celui du financement des travaux sur l’infrastructure, achat de rames, s’élève à 750 millions par Le budgetan.
Plus de 20 millions de voyageurs Ter par an, 2% d’usagers supplémentaires, ce qui fait d’Occitanie en 2018 la seule région de France en progression : « chacune et chacun gardera en mémoire qu’ en Occitanie 180 000 élèves sont transportés chaque jour par le Conseil Régional sur plus de 5000 ramassages et 31 000 points d’arrêt autocars, qu’en Occitanie circulent 20 lignes Ter, 274 gares dont 130 régionales ont été modernisées, 75% du prix du billet Ter et autocar est pris en charge par la Région, 1 milliard de kms sont parcourus en train chaque année par les voyageurs ».