Article de La Marseillaise
Jean-Luc Gibelin nouveau vice-président (PCF) aux Transports.
Ce Gardois qui travaille dans l’Hérault est un des nouveaux élus de la région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées dont La Marseillaise va croquer le parcours et dévoiler les motivations chaque lundi.
Infirmier psychiatrique de formation, Jean-Luc Gibelin est devenu – par concours – cadre supérieur et directeur d’hôpital. Un parcours qui montre que l’homme a du caractère.
Pas étonnant pour un Cévenol. Né à Alès, il a cependant passé la majeure partie de sa carrière dans la région parisienne. « Mes parents ont été victimes de l’exode rural. Mon père travaillait chez Péchiney puis chez Rhône-Poulenc. Ils ont dû comme on dit monter à Paris ». Jamais cependant Jean-Luc Gibelin n’a oublié ses attaches gardoises et dès qu’il l’a pu – en 2004 – il a élu domicile à Salindres, où il vit toujours.
Responsable national des questions de santé et de protection sociale au PCF depuis plus de dix ans et co-animateur sur les mêmes sujets au Front de gauche, le nouveau vice-président régional, n’est pourtant pas tombé dans la marmite quand il était petit. « Mes parents n’étaient pas communistes, confie-t-il. Mes convictions se sont forgées sur les questions d’égalité ». Ses premiers engagements syndicaux se sont faits en tant que soignant. Le reste est venu dans la foulée. « La rencontre des inégalités sociales m’a amené à faire le choix de l’engagement politique et syndical, précise celui qui ne cache pas que ses positions « lui ont parfois valu quelques difficultés ». Une placardisation de plus de cinq ans par exemple.
Aujourd’hui, directeur adjoint d’hôpital en poste dans l’Hérault, il va devoir conjuguer ses activités professionnelles et ses fonctions électives. Mais il savait à quoi s’attendre quand ses camarades de la grande région lui ont demandé de coordonner la campagne des régionales avec la Pyrénéenne Marie-Pierre Vieu.
La campagne électorale, il en garde le souvenir d’être allé au bout du mandat que lui avait confié le PCF : « Travailler au rassemblement le plus large avec obligatoirement des organisations, des mouvements, des personnes qui ne pensaient pas exactement comme nous ». « J’ai le sentiment immodeste que c’est là où nous avons rassemblé le plus que la gauche a le mieux résisté », analyse-t-il.
De fait, même si la liste Nouveau Monde que conduisait Gérard Onesta pouvait s’attendre à un résultat meilleur (10,26% au premier tour) c’est en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées que la situation est la plus intéressante. « C’est la seule région où toute la gauche a été rassemblée. Une gauche où personne n’est en situation hégémonique. Ce qui oblige tout le monde. Y compris nous. »
Pas plus Jean-Luc Gibelin, que Gérard Onesta ou Carole Delga ne pourront donc jouer solo. Et ça intéresse plutôt l’élu communiste qui veut surtout que « tout le monde pense région, habitants, avant de penser à sa boutique ». Et puis, ajoute-t-il, « il y a 40 élus FN et 25 élus de droite. Ca nous impose de réussir, de rassembler, de dépasser les points de blocage ».
Dans ce domaine, il aura fort à faire le vice-président aux transports puisque les questions du rail ont été un des points déterminants de la campagne électorale et que des Etats généraux ont été promis par la nouvelle présidente socialiste.
« Les choses ne sont pas arrêtées nous sommes en train de les construire, précise Jean-Luc Gibelin qui pense qu’il y a besoin d’un temps d’écoute, de rencontres, de partage des préoccupations des usagers, des cheminots, mais aussi de celles des professionnels du transport routier et fluvial. Et qu’à tout cela, il faudra intégrer les contraintes des autres collectivités.
Sans doute un des plus éloignés géographiquement de Toulouse, l’élu gardois est aussi l’un de ceux qui étaient le plus hostiles à la fusion des régions. « Mon expérience me confirme que les parlementaires communistes ont eu raison de voter contre la réforme territoriale, dit celui qui est confronté à ce côté « gigantesque de la région », à « ses treize départements, à ces temps de parcours qui forcément compliquent les choses. »
« C’est pour ça que je veux commencer par écouter et partager », dit-il en estimant que peu de gens aujourd’hui appréhendent vraiment la région. Ca ne l’empêche pas d’être optimiste. « Je crois en l’intelligence collective. Et que la démocratie est un moteur ». Nous allons avoir beaucoup de travail mais nous avons collectivement les moyens de relever ce défi.
Annie Menras