FAIT DU JOUR Jean-Luc Gibelin (PCF) : « Je ne fais ni de l’anti-Fournier ni de l’anti-Lachaud »

Jean-Luc Gibelin, vice-président PCF en charge des Transports à la grande région. Photo : droits réservés.

Jean-Luc Gibelin, vice-président PCF en charge des Transports à la grande région. Photo : droits réservés.

Écharpe rouge enroulée autour du cou, le communiste gardois endosse désormais les habits de vice-président aux transports de la région LRMP. Dans sa délégation, de nombreux enjeux : la réouverture de la ligne Alès-Bessège, de la rive droite du Rhône ou le financement de la gare TGV Manduel-Redessan.

Objectif Gard : Tous nos lecteurs ne vous connaissent pas. Pouvez-vous vous présenter ? 

Jean-Luc Gibelin : Je suis originaire d’Alès, les Cévennes sont mes racines. Je suis également infirmier et, par le biais de concours, je suis devenu directeur adjoint d’un centre hospitalier. Par ailleurs, j’ai un engagement au sein de la direction nationale du PCF où je suis en charge des questions de santé et de protection sociale…

…Vous passez donc de la santé aux transports. 

Il y a une habitude au Parti Communiste : quand nous sommes en situation de pouvoir l’obtenir, nous demandons la compétence transports. L’ancien ministre et vice-président de la région Languedoc-Roussillon Jean-Claude Gayssot* en est un exemple. Les communistes sont engagés depuis toujours dans la défense du service public. Le développement des transports est l’une des clefs de l’autonomie et de l’égalité des territoires.

Avec la Présidente PS Carole Delga, vous allez prochainement lancer les États généraux du rail et de l’intermodalité. Quel en est l’objectif ? 

Nous souhaitons consulter le plus grand nombre pour prioriser les choix sur les 15 à 20 ans à venir. Dans la grande région, il y a 285 gares ! Il y a plusieurs préoccupations, comme la réouverture de certaines lignes…

Le collectif pour la défense et la modernisation de la ligne devant la sous-préfecture avec leurs amis de Génolhac hier matin. Photo Elodie Boschet/Objectif Gard

Le collectif pour la défense et la modernisation de la ligne devant la sous-préfecture avec leurs amis de Génolhac hier matin. Photo Elodie Boschet/Objectif Gard

Justement : lors de la campagne des Régionales, Carole Delga a promis d’inscrire la ligne Alès/Bessèges dans le contrat de plan État-Région : où en êtes-vous ? 

Ce sera l’un des points abordés durant ces États généraux. Mais moi, en tant que vice-président aux transports, j’ai cet objectif.

Combien cela va coûter ? 

C’est compliqué de donner des chiffres. Pour rouvrir une ligne, il faut qu’elle respecte des conditions d’accessibilité et de sécurité. Cela nécessite une négociation avec la SNCF et l’État puisqu’on ne peut pas tout réaliser d’un coup. Selon moi, il faut d’abord remettre des trains en service et engager des investissements au fur et à mesure.

Qu’en est-il de la ligne de la rive droite du Rhône ? 

C’est la même chose ! Aujourd’hui, il n’y a que le fret qui circule. Lorsque nous demandons des trains pour les voyageurs, on nous explique que cela n’est pas possible. Or, lorsqu’il y a un gros problème sur la rive gauche, les TGV passent par la rive droite… Cela signifie donc que l’on peut le faire ! Ma priorité, c’est de m’occuper du train du quotidien.

Photo / D.R.

Photo : D.R.

Parlons du quotidien des élèves. En 2017, la Région prendra officiellement la compétence du transport scolaire, détenue actuellement par les conseils départementaux. Comment allez-vous les gérer ? 

Il n’y aura pas 36 politiques. Nous mettrons en place une politique régionale concernant les tarifs, l’équilibre entre le rail et les cars, les coûts des DSP…

Comment de Toulouse pouvez-vous décider des besoins des 13 départements ? 

(Il sourit) D’abord mon bureau n’est pas à Toulouse mais à Montpellier, c’est une volonté ! Ensuite, j’étais contre le redécoupage des Régions, il ne faut pas l’oublier. Enfin, une politique régionale ne signifie pas une centralisation de la décision mais l’élaboration d’une logique régionale avec les acteurs concernés.
Je rencontre bientôt le maire d’Alès. La réouverture de la ligne Alès-Bessège permettrait, par exemple, aux jeunes de Salindres de venir en train au lycée JBD. Le train est un mode de transport plus sécurisé et moins polluant.

Projet de Nîmes Métropole autour de la gare de Manduel. Photo DR http://www.reichen-robert.fr/

Projet de Nîmes Métropole autour de la gare de Manduel. Photo DR http://www.reichen-robert.fr/

Parlons d’un sujet qui fâche au PCF : la gare TGV de Manduel-Redessan. La Région a mis un moratoire sur son financement. Pouvez-vous vraiment faire capoter le projet ?  

C’est sur la gare de La Mogère (Montpellier) qu’il y a un moratoire. Pas sur la gare de Manduel-Redessan sur laquelle il n’y a pas d’engagement financier, l’accord n’étant qu’oral pour l’instant. Il faut savoir que le financement des gares ne relève pas de la compétence de la Région mais de celle de l’État. Je ne suis pas pour le non-respect de la parole donnée, mais nous aurons des conditions…

Quelles conditions ?

Eh bien notamment le nombre de TGV qui s’arrêteront dans la gare ou l’augmentation des dessertes de TER. Moi je ne fais ni de l’anti-Fournier ni de l’anti-Lachaud, mais j’ai un autre problème…

Lequel ?

Je ne veux pas dire aux habitants d’Alès/Bessèges : « désolé, on ne rouvre pas la ligne, mais on finance la gare de Manduel ». Le TGV n’est pas le train du quotidien, je peux vous le dire, je le prends souvent. Alors, je ne me retrouverai pas dans cette situation.

Cela signifie que vous pourriez démissionner ? 

On en est pas là. Je vous rappelle simplement qu’à la Région, aucune composante de l’exécutif n’a la Majorité absolue…

*Jean-Claude Gayssot a été ministre des Transports de 1997 à 2002 et vice-président de la région Languedoc-Roussillon de 2004 à 2015.

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Propos recueillis par Coralie Mollaret