Tarn et Garonne. Entretien avec le Vice-Président d’Occitanie sur la nouvelle tarification routière interurbaine
Le vice-président aux transports d’Occitanie, Jean-Luc Gibelin, revient sur la nouvelle tarification routière qui sera applicable dès septembre prochain sur tout le périmètre du Tarn et Garonne. Le département va notamment voir la création d’une nouvelle ligne Montauban — Castelsarrasin.
Alors que le gouvernement vient d’adopter le nouveau projet de réformes ferroviaires, avec notamment la fermeture de nombreuses « petites lignes », la mise en concurrence et la fin du statut « cheminot », c’est au final l’égalité d’accès aux transports qui va être rabotée au profit du marché… A contresens des tous azimuts libéraux du gouvernement, l’Occitanie, seule région gouvernée par une majorité politique de gauche plurielle, fait le choix inverse, en cherchant justement à développer un véritable service public régional du transport qui permette cette égalité.
Dans ce contexte, la région, qui a lancé en mai dernier le service public régional des transports LiO, s’attaque désormais à l’harmonisation des tarifs, et a voté le 20 juillet dernier en Commission Permanente, l’approbation d’une nouvelle gamme tarifaire routière applicable, dès le 1er septembre 2018, sur tout le périmètre du Tarn et Garonne. A cette occasion, je suis allé à la rencontre du communiste Jean-Luc Gibelin, Vice-Président aux transports de la région Occitanie et conseiller régional du Gard. Entretien.
J.S : Tout d’abord, pouvez-vous nous donner des éléments de contexte sur cette nouvelle tarification routière interurbaine en Tarn et Garonne ?
J-L.G: Jusqu’à présent il n’existe pas de véritable réseau de transport collectif en Tarn et Garonne. Les services scolaires sont ouverts aux voyageurs commerciaux et les quelques lignes régulières ne transportent quasiment que des élèves. De même, il n’existe pas de gamme tarifaire routière sur le périmètre du département, et les tarifs proposés jusqu’à présent par les transporteurs étaient de leur ressort. C’est le renouvellement d’une partie des marchés qui permet une restructuration de l’offre avec notamment le lancement d’une desserte cadencée entre Castelsarrasin et Montauban, puis la mise en œuvre d’une tarification adaptée.
J.S : Quel est l’objectif de votre démarche en annonçant cette première création de ligne en Tarn et Garonne ?
J-L.G : L’objectif est double. D’une part nous voulons structurer un réseau complet sur tout le périmètre Tarn et garonnais au fur et à mesure des renouvellements de marchés d’ici 2022. Mais aussi, c’est l’occasion de pouvoir expérimenter une nouvelle gamme tarifaire et d’ébaucher ainsi un processus d’harmonisation tarifaire du transport routier interurbain en Occitanie.
J.S : Plus spécifiquement, pourquoi la création de la nouvelle ligne sur l’axe Montauban Castelsarrasin ?
J-L.G : Avec respectivement 58 826 et 13 765 habitants, les villes de Montauban et Castelsarrasin font partie des territoires classés « aires urbaine » de la région Occitanie. L’axe de transport qui relie ces 2 villes est particulièrement emprunté. Sur le plan scolaire, c’est environ 900 voyageurs par jour. Le trafic moyen journalier pour les déplacements domicile-travail représente 2 800 voyages quotidiens, soit 600 000 par an. En projetant une captation de seulement 10% de ce flux, nous estimons la fréquentation commerciale sur cette ligne à 280 voyages par jour.
Avec une fréquentation totale ligne estimée à 1 180 voyages par jour, la création de cette ligne entend répondre non seulement à un besoin du territoire en matière de mobilité, mais aussi au niveau régional en continuant d’avancer vers notre objectif d’un maillage territorial permettant une véritable égalité d’accès aux transports en Occitanie.
J.S : Quel est l’état de lieux que vous avez fait sur cet axe concernant l’offre jusque-là disponible ?
J-L.G : A ce jour, l’offre en transport collectif est peu pertinente pour les déplacements domicile-travail, la ligne SNCF ne proposant que 7 allers-retours quotidiens sur des horaires peu compatibles avec ceux des actifs et des élèves. De plus, le tracé ne permet pas la desserte fine proposée par le trajet routier qui suit l’axe de RD 958, et les lignes scolaires présentent un temps de trajet trop long compte tenu de l’itinéraire conçu pour desservir les établissements.
J.S : Quels vont être alors les actions concrètes que la région va mettre en œuvre pour développer cette offre ?
J-L.G : Nous envisageons un cadencement à 15 minutes aux heures de pointe, et un départ toutes les heures en dehors de ces horaires. L’amplitude horaire prévue va de 6h20 à 19h15 pour le dernier départ, du lundi au vendredi. En période scolaire, l’offre serait de 30 allers-retours quotidiens, de 21 allers-retours en période de petites vacances scolaires, et de 12 allers-retours quotidiens en période estivale.
J.S : Vous avez mentionné une expérimentation en matière de tarification, notamment en lien avec le processus d’harmonisation au niveau régional. Quels vont être les critères de définition de ces tarifs ?
J-L.G : Oui effectivement, la création de cette ligne nous permet d’entamer le processus d’harmonisation des tarifs au niveau régional. En ce sens c’est une expérimentation. Ensuite, et parce que chacun doit pouvoir avoir accès aux transports selon ses moyens, nous avons proposé que la tarification régionale soit basée sur un prix forfaitaire le plus bas possible, quelle que soit l’origine ou la destination.
Il y aura donc un prix forfaitaire de 2 euros pour le titre unitaire, une tarification adaptée aux voyageurs fréquents, avec l’abonnement mensuel à 40 euros, une tarification pour les occasionnels avec un « Pass 10 voyages » à 15 euros, et une tarification spécifique pour les jeunes avec un abonnement mensuel à 20 euros représentant une réduction de 50% par rapport aux adultes. Enfin, une gratuité identique à celle pratiqué sur le ferroviaire sera aussi applicable en faveur des publics les plus précaires, et cela sous la forme de 20 trajets gratuits renouvelables tous les 6 mois.