Intervention du 3 novembre 2017

 

Assemblée Plénière

Conseil Régional Occitanie Pyrénées/Méditerranée

Patrick Cases, co-président du groupe Nouveau Monde en Commun

 

Le débat sur les orientations budgétaires est un moment important de la vie démocratique de notre institution. Ce n’est pas la première fois que j’interviens au nom de mon groupe ou de ma délégation sur le désengagement de l’Etat en ce qui concerne le financement des collectivités territoriales publiques.

Cette fois-ci le contexte politique a changé et le paysage a été complètement chamboulé. Sans vouloir paraphraser le président de la république, je ne jetterai pas des pierres sur le premier de cordée mais je m’intéresserai au dernier de la cordée qui a les pieds ballants dans le précipice, la langue sortie proche de l’asphyxie. Le dernier de cordée représente les petites communes de montagnes et l’ensemble de nos collectivités territoriales. Nos différentes formations l’ont dénoncé, avec des nuances d’appréciation, lors de séminaires ou d’assemblées plénières. Nous avons même soutenu ensemble une délibération pour interpeler le gouvernement de l’époque sur les difficultés, de plus en plus grandissantes des collectivités territoriales face aux besoins des populations.

Lors d’une précédente intervention, j’avais humblement évoqué quelques pistes de réflexions pour trouver d’autres recettes financières pour desserrer la corde. Au moment où le gouvernement fait de la réduction de la dette et des dépenses publiques sa priorité, nous pouvons nous interroger sur le gros nuage opaque du CICE qui prive le dernier de cordée de bouffées d’air frais salutaires. Ce sont 27 milliards « bouteilles d’oxygène » de manque à gagner pour l’état, dans un brouillard le plus total car on n’en connaît ni l’usage, ni la destination, ni les objectifs. Cela équivaut quand même à deux fois le montant total de l’aide personnalisée au logement (APL), trois fois le budget de la police nationale ou encore au recrutement de 300 000 enseignants chaque année. On nous parle tous les jours de la dette publique mais quid de la dette privée, qui atteint 72% du PIB pour les sociétés non financières? On ne nous en parle jamais, mais nous sommes en train de la payer. Si l’on doit mener l’exercice critique sur les dépenses publiques, il faut également le conduire sur les recettes dont se prive l’état. Il me semble que notre majorité peut s’inscrire pleinement dans cette démarche. La réforme des territoires, même si elle a amené toute une série de transferts de compétences, nous a donné à contrario une certaine force politique sur l’échiquier national que nous devrions utiliser afin de peser le plus possible dans le débat sur la recherche de nouvelles recettes. Si nous n’intervenons pas plus fortement, cette situation fragilisera de plus en plus les services publics de proximité et ouvrira plus rapidement la porte de leur financiarisation. Si d’autres pistes de recherche de ressources ne sont pas explorées, nous ne pourrons plus faire face aux abandons financiers de l’état.

Dans ce paysage politique national, notre région garde l’originalité de la composition de sa majorité. Même s’il existe des différences de vue entre nos formations politiques, il me semble important que nous continuions de débattre sur de nouvelles alternatives économiques pour nos institutions. Celles-ci pourraient être porteuses d’un espoir nouveau pour les populations. Il faut que nous réfléchissions à desserrer l’étau financier pour lever la pression sur les arbitrages économiques.

Ce n’est pas une simple posture mais bien un choix politique pour l’avenir de notre région. C’est pour cela que nous contribuerons et soutiendrons toutes initiatives allant dans ce sens. Nous devons dès à présent le montrer avec plus de force!

Merci.