Occitanie. Large consensus pour les LGV

Pierric Marissal
Lundi, 6 Novembre, 2017
L’Humanité
Le prolongement de la LGV mettrait Toulouse à un peu plus de trois heures de Paris. Lydie Lecarpentier	/	Réa

Le prolongement de la LGV mettrait Toulouse à un peu plus de trois heures de Paris. Lydie Lecarpentier / Réa

43 parlementaires d’Occitanie, dont la présidente de région, Carole Delga, ont signé une lettre au premier ministre lui demandant de tenir sa promesse de réaliser deux LGV.

Des députés et sénateurs d’Occitanie de tous bords politiques ont signé derrière Carole Delga, la présidente PS du conseil régional, une lettre adressée à Édouard Philippe lui demandant que l’État tienne ses engagements pour la réalisation des projets de lignes à grande vitesse (LGV) dans la région. Même un député La République en marche avait apposé sa signature au bas de l’appel, avant de se faire taper sur les doigts. Parmi les signataires se trouvent des « Républicains », des socialistes, des radicaux comme des élus Modem et UDI… Non signataire de la lettre dans les délais impartis, la députée européenne PCF Marie-Pierre Vieu « s’associe à ce projet de LGV sur la base du respect du service public, de la démocratie et de l’écologie », a-t-elle fait savoir. « Deux points font largement consensus et transcendent les courants politiques, explique Jean-Luc Gibelin, vice-président PCF aux transports de la région Occitanie. Il est pour tous insupportable de voir que l’État, qui demande toujours davantage aux collectivités locales, se désengage et ne tient pas sa parole. Et en plus nous sommes une région objectivement excentrée, et la seule à ne pas avoir de LGV. »

Désenclavement et bilan carbone

La lettre adressée au premier ministre insiste bien sur ce point et précise pour l’illustrer que, sur l’ensemble de la population métropolitaine située à plus de 4 heures de train de Paris, 58 % habitent dans la région Occitanie. Le large rassemblement des élus témoigne aussi de l’adhésion de la population au projet des LGV, un sondage publié le 4 octobre dans la presse régionale montrait que 88 % des habitants de la région soutenaient le projet de prolonger la LGV entre Bordeaux et Toulouse (253 km) mais aussi d’en ouvrir une entre Montpellier et Perpignan (150 km).

Outre la nécessité de désenclaver la région et de ne pas laisser à l’avion – dont le bilan carbone est 35 fois supérieur par passager que le train – l’essentiel des liaisons entre Toulouse et Paris, la lettre insiste sur le bol d’air que seraient ces LGV pour les trains régionaux : « Leur mise en service est l’unique option pour libérer des sillons et désaturer les lignes existantes, permettant ainsi à la région d’augmenter la fréquence des TER en heures de pointe. (…) L’effet grande vitesse irriguera l’ensemble des territoires, de Nîmes à Montauban, de Cahors à Tarbes, en passant par Béziers, Narbonne, Carcassonne, Foix, Auch ou encore Albi. »

La lettre entend réfuter l’argumentaire gouvernemental, qui met en avant le coût du projet – 12 milliards d’euros – pour justifier de le glisser sous le tapis. Carole Delga propose ainsi de nouvelles recettes, aptes à financer plus de 60 % des investissements. « C’est l’une des pistes, estime Jean-Luc Gibelin, mais nous préférons mettre en avant l’idée d’un emprunt à long terme, sur 50 ans. Le fond du problème est qu’on nous dise qu’il n’y a pas de financement, alors que le gouvernement peut trouver des sommes bien plus importantes pour des projets dans des régions de droite, comme le canal Seine-Nord ou le Grand Paris. »

Le rejet d’un partenariat public-privé (PPP) pour la réalisation d’un tel projet contribue également à rassembler. La lettre demande clairement à l’État de « s’engager » et « d’être à la hauteur des enjeux ». L’exemple récent de la ligne LGV Bordeaux-Tours et l’avantage disproportionné qu’en a tiré Vinci, au détriment des usagers et de la SNCF, ont marqué les esprits. « Pour nous, c’est une position de principe, et de longue date, affirme Jean-Luc Gibelin. Je rappelle que ce sont les communistes qui sont à l’origine des commissions d’enquêtes parlementaires sur les PPP. » Prochaine étape de la mobilisation, un grand rassemblement est prévu le 29 novembre à Perpignan.