CLOTILDE MATHIEU dans l’Humanite du 10/10

« Notre réseau est surchargé et même saturé dans certains endroits. »
Le conseil régional a donné, le 4 octobre, le coup d’envoi d’une « mobilisation citoyenne » en faveur des projets de lignes à grande vitesse gelés par le gouvernement.

PLUS DE 700 ACTEURS LOCAUX, ENTREPRENEURS, ÉLUS, ÉTAIENT MOBILISÉS LE 4 OCTOBRE À TOULOUSE, À L’APPEL DE CAROLE DELGA, PRÉSIDENTE DE LA RÉGION OCCITANIE, POUR EXIGER LA RELANCE DES PROJETS DES LIGNES À GRANDE VITESSE (LGV) QUE LE GOUVERNEMENT VIENT DE GELER. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CE SUCCÈS ?

JEAN-LUC GIBELIN La décision du gouvernement est injuste. La ligne Bordeaux-Toulouse était déjà prévue, comme prolongement de la ligne LGV BordeauxParis. La région Midi-Pyrénées (aujourd’hui incluse dans l’Occitanie ­ NDLR) avait contribué financièrement à ce premier tronçon. Concernant le bassin méditerranéen, la perspective de voir relier par une LGV Montpellier à Perpignan est prévue depuis plus de vingt ans. Les engagements ont été renouvelés à de nombreuses reprises.
La volte-face du président de la République sonne comme un renoncement et montre que l’État ne tient pas ses engagements. C’est insupportable.

POURQUOI CES PROJETS SONT-ILS DÉTERMINANTS POUR VOTRE TERRITOIRE ?

JEAN-LUC GIBELIN À ce jour, il n’ya qu’une seule LGV qui va jusqu’à Nîmes. Ce qui s’avère nettement insuffisant pour une région comme l’Occitanie, qui compte 13 départements. Notre réseau est surchargé et même saturé dans certains endroits. C’est le cas entre Toulouse et Bordeaux, mais surtout sur le littoral entre Perpignan et Montpellier. Nous ne pouvons pas nous contenter du simple aménagement de l’existant, il est nécessaire de créer des lignes nouvelles. Autant le faire en LGV mixte, qui prendra à la fois le train à grande vitesse et le fret. Sans compter que Toulouse, la quatrième métropole de France, qui connaît la plus grande progression démographique du pays, ne peut rester à plus de quatre heures de Paris en TGV. Le sondage réalisé par la presse régionale confirme cette nécessité, puisque 88 % de la population est favorable aux LGV.

LE GOUVERNEMENT AGITE LE COÛT DU PROJET, 12 MILLIARDS D’EUROS, POUR EXPLIQUER SON REVIREMENT…

JEAN-LUC GIBELIN Si ceux qui ont construit le réseau métropolitain avaient d’abord regardé le coût plutôt que l’ingéniosité du projet, il n’y aurait jamais eu de métro à Paris. Pourquoi le financement du Grand Paris Express, dont le coût est deux fois plus important, ne serait-il pas rédhibitoire ? Pourquoi le développement de LGV serait-il possible dans des régions dirigées par la droite, et non pour la région Occitanie, dirigée par la gauche, alors que ce sont des projets très anciens ayant fait l’objet de validations répétées ? Ce sont de vraies questions.
Quand il s’agit d’investissements de longue durée, structurants, il est indispensable d’avoir du courage et de l’originalité. Certes, il y a intérêt à inventer de nouvelles formes de financement. Celui imaginé pour le Grand Paris peut être une piste. Nous avons mis en place un groupe de travail. Pour la région, nous envisageons de mettre en place un financement multiple, mais basé sur une maîtrise publique, afin de tourner le dos aux partenariats public-privé qui ont montré leur faillite sur un certain nombre de LGV. Nous mettons en débat une autre perspective.

PRÉVOYEZ-VOUS D’AUTRES INITIATIVES ?

JEAN-LUC GIBELIN La démarche lancée a vocation à se poursuivre. Depuis le 4 octobre, nous n’avons eu aucun contact avec le gouvernement. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 29 novembre à Perpignan.