Jean-Luc Gibelin, vice-président communiste en charge des Transports à la grande région.

Élu en 2015 au conseil régional, le communiste Jean-Luc Gibelin est propulsé au poste de vice-président chargé des Transports. Un dossier dont… il ignore tout ! Six ans plus tard, le voilà incollable sur les lignes ferroviaires qu’utilisent au quotidien de milliers d’usagers.

Jean-Luc qui ? Il y a six ans, un communiste fait irruption sur la scène politique gardoise. Natif d’Alès, Jean-Luc Gibelin prend la place de son camarade Vincent Bouget sur la liste des élections régionales, conduite par la socialiste Carole Delga. «  C’était prévu, tempère Vincent Bouget. Jean-Luc Gibelin était revenu dans le département et moi, je venais d’être élu à la tête du parti. Je connaissais sa capacité de travail. C’est quelqu’un d’hyper efficace. La preuve, aujourd’hui, il est respecté de tous. » 

« Je ne connaissais rien au ferroviaire »

Une fois élu, Jean-Luc Gibelin devient vice-président aux Transports. Un budget d’environ un milliard d’euros sur les 3,5 milliards de la Région, soit le plus gros budget de la collectivité. Sa délégation s’inscrit dans les accords politiques entre socialistes et communistes. Au départ, il le confesse, « je ne connaissais rien au ferroviaire. J’ai beaucoup rencontré, écouté et travaillé. Surtout, j’ai pu compter sur les 200 agents du service dont je salue le professionnalisme ».

Responsable de la fédération CGT Santé, le communiste est infirmier de métier. Sauf que chez les communistes, « quand nous sommes en situation de pouvoir l’obtenir, nous demandons les transports pour défendre le service public. C’est l’une des clefs de l’autonomie et de l’égalité des territoires », expliquait-il en 2016. Jean-Luc Gibelin avait-il alors conscience de la tâche qui l’attendait ? Dans le Gard, les négociations entre la Région et la SNCF pour la réouvertures de lignes sont âpres et les débats autour du ferroviaire suscitent souvent les crispations. 

Nîmes-Pont-du-Gard : la bataille continue

C’est le cas de la gare LGV Nîmes-Pont du Gard, implantée sur le contournement Nîmes-Montpellier. Depuis l’origine, les communistes n’ont eu de cesse de s’opposer au projet. Seulement, aux affaires, le vice-président Gibelin n’a eu d’autre choix de débloquer 22,6 M€ pour sa construction. S’il a dû avaler cette couleuvre, Jean-Luc Gibelin s’est consolé avec… le poney ! « Cette gare n’a jamais été inaugurée officiellement. La date a été reportée. De toute façon ce jour-là, j’avais dit que j’avais aquaponey ! », plaisante-t-il. 

Une énième fois, Jean-Luc Gibelin plaide que « nous aurions pu construire des barreaux reliant la gare de Nîmes-centre au contournement LGV. Au lieu de ça, on a presque dépensé des millions pour cette gare ! » Alors quand il entend parler des problèmes pour relier la gare de Nîmes-centre à celle du Pont du Gard, il réplique : « La Région a mis 44 trains sur la ligne Nîmes-Tarascon pour desservir la gare. La difficulté, c’est que les horaires des TGV sont fixés par la SNCF et changent tous les six mois. On ne peut pas suivre ! »

Pour le président Les Républicains de Nîmes Métropole, Franck Proust, la solution est ailleurs. Elle passe par la mise en place d’une navette ferroviaire : « Il reste reliquat d’environ 13 millions d’euros pour la financer ! Le préfet de Région doit faire une réunion pour faire les comptes », martèle le Nîmois. Jean-Luc Gibelin est prudent : « Tant que cette réunion n’a pas lieu, on ne peut rien affirmer. » Et puis le fonctionnement de cette navette incomberait la Région : « Ce sont des coûts induits par une mauvaise décision. Est-ce la priorité absolue des transports en Occitanie ? À Nîmes, l’urgence c’est peut-être la Vaunage, non ? »

Des trains du quotidien

Jean-Luc Gibelin est malin. En citant la Vaunage, il fait référence au projet de Tram’train porté à Nîmes métropole par le maire communiste de Domessargues, Bernard Clément. Pour l’heure, ce projet est toujours dans les cartons. Il y a six ans, Jean-Luc Gibelin était l’un des premiers à défendre l’idée du « train du quotidien ». Des trains permettant d’aller travailler en réduisant l’empreinte carbone. À Alès, le président de l’Agglo, Christophe Rivenq, est sur la même ligne : « On a trouvé un vice-président avec qui nous avons des convergences sur les questions de mobilité » et notamment, la réouverture de la ligne Alès-Bessèges. 

La plupart des études ont été réalisées : « On va pouvoir engager des phases de réalisation de la voie sur l’ensemble du tracé en sachant qu’à partir de Salindres, il y a toute la voie à faire jusqu’à Bessèges », indique Jean-Luc Gibelin. Seul problème : le coût, chiffré par la SNCF à hauteur de 60 M€ à 80 M€. Pour le vice-président, « ces chiffrages nous paraissent élevés. Nous allons continuer à discuter avec la SNCF pour tenir les délais de réouverture fixés à 2026 ». D’autres lignes comme la réouverture de la rive droite du Rhône à l’été 2022 et la hausse des fréquences sur la ligne Nîmes-Grau-du-Roi font partie de ses priorités.

Toutefois Jean-Luc Gibelin a un problème avec les délais « trop longs » de mise en service de ces lignes. « Le monde des mobilités n’est pas en adéquation avec les attentes des administrés et l’enjeu climatique », regrette-t-il. Ces délais résultent du nombre d’études à réaliser pour assurer la sécurité des passagers. Reconduit dans la délégation des Transports, ses compétences ont été étendues aux Mobilités et Infrastructures. Reste à savoir si, ces six prochaines années, Jean-Luc Gibelin arrivera à solutionner ce problème de délais. À l’impossible nul n’est tenu. 

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com